 |
mardi 5 novembre 2002.
Rachid Halloui
Mis en ligne le :
20/10/2002
• Imprimer l'article
• Envoyer l'article


|
|
Il est encore tôt ce matin-là lorsque
des touristes allemands remarquent un camion-citerne qui circule devant l'ancienne synagogue de la Ghriba en Tunisie. Trop tôt sans
doute, car les enquêteurs l'apprendront par la suite, pour le kamikaze, il n'y a pas encore assez de monde devant ce lieu de culte.
Le conducteur, Nizar Ben Mohamed Nasr Nawar va donc patienter et garer son camion un peu plus loin.
Vers 10 heures, les touristes se font plus nombreux et le jeune tunisien de 24 ans, décide de stationner sa fourgonnette le plus près
possible de la synagogue.
Il ouvre le réservoir à gaz du camion mais remarquant que son manège est observé par une patrouille de police, il allume un bâton de
dynamite dans la cabine. Le camion-citerne transportant du gaz explose aussitôt faisant 21 morts dont quatorze Allemands, trois Tunisiens
et deux Français. Le kamikaze sera lui aussi brûlé vif.
Vingt autres Allemands seront gravement blessés.
Au domicile du kamikaze, la police tunisienne découvre un téléphone satellitaire du type des appareils utilisés en Afghanistan
par les membres présumés d'Al-Qaida.
Quelques jours plus tard, deux journaux arabes de Londres, Al-Hayat et Al-Qods al-Arabi publient un communiqué faxé d'Islamabad
(Pakistan) et portant l'entête de "la base du Jihad" (Al-Qaida) qui présente Nizar Naouar comme un "martyr mort pour la cause de Dieu".
«Nizar ben Mohamed Naouar a effectué cette opération au nom du commandement de l'Armée islamique : le martyr Nizar a préparé cette
opération de sa propre initiative à titre d'exemple pour prouver à la nation qu'un homme seul pouvait réaliser une opération aussi
spectaculaire en dehors de la terre de Palestine. Le héros a étudié la cible, il l'a photographiée et il a choisi l'endroit où elle
devait être touchée.»
A ce fax était joint, une lettre destinée à sa famille résidant en France et qui invitait son frère Walid à "terminer le travail".
Mais pour le gouvernement tunisien, il s'agit toujours d'un malheureux accident.
Le 23 juin, l'attentat est revendiqué officiellement par un membre du réseau Al-Qaida, Souleiman Abou Ghaïth, dans une déclaration
faite à la télévision Al-Jazira du Qatar.
"Cette opération a été menée par un jeune de l'organisation Al-Qaida, qui n'a pas supporté de voir ses frères en Palestine se faire
tuer, alors que les juifs se promènent, s'amusent et accomplissent librement leurs rites en Tunisie" affirme-t-il dans cet enregistrement.
Le fils de Paul Savage, l'une des deux victimes françaises porte plainte. Le parquet de Paris ouvre le 30 avril, une information
judiciaire pour "assassinats et tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste". L'enquête est confiée au juge
Jean-Louis Bruguière qui se rend le 19 septembre à Djerba accompagné de policiers de la DST pour faire le point avec les enquêteurs
tunisiens. Ils lui remettent la liste des numéros de téléphones appelés par Nizar sur son portable.
La France et l'Allemagne vont collaborer à l'enquête conduite pas les autorités tunisiennes. En Tunisie, l'oncle de Nizar Nawar, Belgacem Nawar, est arrêté pour complicité avec son neveu.
|
 |