Tel est le deuxième objectif majeur que nous nous assignons.
Si nous laissons, en effet, aller le cours des choses, il y a grand risque que les individus soient de plus en plus paralysés dans le réseau de contraintes en tous genres qui les enserre du berceau à la tombe.
Nous avons au contraire le projet d'une société où chacun soit davantage responsable de ses actes.
Pour y parvenir, il faut développer le goût d'entreprendre, il faut retrouver la liberté d'entreprendre, de sorte que celui qui veut créer ou développer une unité économique à l'échelle humaine ne se heurte pas à une multitude d'obstacles accumulés par un corps social bloqué et timoré.
Il faut reconnaître au chef d'entreprise la place qui lui revient en tant que créateur d'emplois et de richesses et cesser de le rejeter au premier échec, ou, à l'inverse, lorsque sa réussite est trop éclatante.
Le même changement d'attitude est souhaitable vis-à-vis des professions indépendantes.
Prisonniers d'une vision superficielle de l'évolution économique et sociale, certains pensent que l'artisan ou le commerçant isolé doit laisser la place à des organisations plus structurées.
Je suis, pour ma part, convaincu qu'artisans et commerçants doivent continuer à jouer une double fonction de progrès : une fonction économique d'abord, parce qu'ils sont les seuls à pouvoir rendre certains services spécialisés ou proches ; une fonction sociale ensuite, parce qu'autour d'eux se tissent, dans le quartier ou le village, des relations quotidiennes d'amitié ou de simple voisinage.
C'est dans le même esprit que doit être poursuivie la modernisation de notre agriculture si nécessaire tant à l'équilibre de notre société qu'à sa puissance économique.
L'exercice de la responsabilité personnelle n'est évidemment pas le monopole des travailleurs indépendants.
Le développement de la participation et de la responsabilité doit aussi assurer la nécessaire réforme de l'entreprise.
Tous les travailleurs, quelle que soit leur place ou leur niveau, doivent pouvoir participer à l'organisation de leur travail et au partage des fruits de leurs efforts.
Ils ont droit à une formation professionnelle qui leur donne la possibilité de choisir et de s'élever.
La fonction de l'encadrement, essentielle à l'impulsion et à la bonne marche de l'entreprise, doit être reconnue et renforcée.
D'une structure hiérarchique où les travailleurs sont encore trop souvent contraints à une obéissance passive, nous avons en effet l'ambition de passer à une organisation fonctionnelle où; chacun prend la part de responsabilités qui lui incombe.
Nous appelons cela la participation.
C'est pour nous la dignité des hommes et des femmes de France qui est en cause.
Notre troisième ambition est d'ABOLIR LES PRIVILÈGES, c'est-à-dire les inégalités qui ne trouvent pas leur origine dans le mérite ou le travail.
La société où nous vivons est encore marquée par des comportements ou des situations qui sont des séquelles de l'histoire.
Notre double exigence de liberté et de responsabilité nous les rend intolérables.
Il y a d'abord les privilèges de l'argent.
Il est juste que la valeur individuelle, l'ardeur au travail, la conscience professionnelle soient rémunérées et comme ces vertus varient selon les individus, il est juste que les rémunérations soient différentes.
Mais il n'est pas juste que, par une sorte de grâce d'état ou de naissance, certains continuent à jouir de privilèges immérités.
Il est insupportable que d'autres puissent s'enrichir par la spéculation ou la fraude.
Il est temps de procéder à une refonte complète de notre système fiscal qui doit être radicalement simplifié.
Il faut trouver un équilibre plus satisfaisant entre la part qui doit être prélevée sur la dépense, celle qui doit l'être sur le revenu et celle qui doit l'être sur la fortune.
Mais il y a d'autres privilèges que ceux de l'argent.
Il y a les privilèges du pouvoir.
Dans un pays marqué par plusieurs siècles de pouvoir central absolu, c'est bien sûr l'administration qui peut être tentée de s'octroyer de tels privilèges.
Il n'est pas douteux aujourd'hui que l'État en France n'a pas toujours su éviter les pièges de la bureaucratie.
Et les Français en sont venus au point où parfois ils comprennent mal leur administration.
Certes, ils l'appellent souvent pour combler une injustice, accorder un avantage ; mais ils la récusent bientôt en la jugeant envahissante et importune.
C'est qu'après avoir su faire converger les efforts pour doter le pays de moyens de production et d'équipements puissants, après avoir assuré une protection sociale sans précédent, elle s'est, malgré la qualité et le dévouement de ses fonctionnaires, engluée dans le détail.
Les textes ont été multipliés si bien que les lois, décrets, arrêtés, circulaires, constituent aujourd'hui un maquis quasi impénétrable non seulement à cause de leur abondance mais aussi du fait de leur incessant changement.
Dès lors, notre système juridico-administratif ne continue à fonctionner que parce qu'un grand nombre de texte ne sont pas en fait appliqués ou que l'on peut y déroger avec tous les risques d'arbitraire que cela comporte.
Un effort puissant de simplification est donc nécessaire pour que l'administration retrouve sa véritable vocation qui n'est pas de gérer le système bureaucratique mais de servir le citoyen, qui n'est pas d'empêcher d'agir mais de faciliter la vie de tous.
Il s'agit, au sens strict du mot, d'une révolution : il faut rendre leur État aux Français.
Il y a les privilèges du savoir.
La connaissance et la compétence déterminent de plus en plus la place de l'individu dans la société.
Mais il ne faut pas que le savoir soit l'apanage d'élites restreintes issues de milieux sociaux privilégiés.
Il faut poursuivre avec ténacité l'œuvre de démocratisation de l'enseignement que nous avons entreprise, promouvoir l'égalité des chances, donner davantage à chacun la possibilité, tout au long de son existence, de perfectionner sa formation initiale et de participer aussi à la grande aventure de la science, de l'art et de la création.
Telles sont les conditions du progrès social et de la vraie justice.
Telles sont aussi les voies de l'accomplissement personnel, tant il est vrai qu'au delà du savoir, c'est la culture partagée et vécue qui rend à l'existence sa noblesse et sa saveur.
Il faut ouvrir à tous la culture pour vivre.
Il y a presque deux siècles maintenant, dans un mouvement d'enthousiasme et de générosité dont il a le secret, le peuple de France a proclamé aux yeux de l'univers l'abolition des privilèges.
L'évolution de notre société et de notre sensibilité rend maintenant plus intolérable ceux qui subsistent encore ou ceux qui se sont recréés.
Je vous invite à redonner toute leur signification, toute leur force, toute leur vie, aux beaux et grands principes de notre République : l'égalité et la fraternité.
Il nous appartient enfin de promouvoir la DÉMOCRATIE DU QUOTIDIEN.
Plus libre, plus responsable, plus maître de lui-même, le citoyen d'aujourd'hui n'accepte pas de se dessaisir de toutes ses prérogatives aux mains de ceux qui le gouvernent.
Il veut aussi, entre deux scrutins, continuer à prendre la parole et faire connaître son point de vue sur les décisions ou les actes qui façonnent sa vie quotidienne.
Les Français ont droit à un environnement digne d'eux, c'est-à-dire à une maison, à un quartier, une ville, une nature qui soient à l'échelle humaine.
L'homme doit redevenir la mesure de toutes choses.
Il a fallu, bien sûr, dans les deux décennies qui viennent de s'écouler, consentir un important effort d'équipement.
Mais nous avons parfois le sentiment d'avoir payé un prix très lourd.
Le prix de villes qui se vident peu à peu de leurs habitants traditionnels et qui lentement écartent d'elles les humbles et les isolés.
Le prix de banlieues souvent maussades, entassant une population transplantée et déracinée, le prix de côtes détériorées, de rivières abîmées, celui du bruit et de toutes les formes de violence.
Oui, il est temps, sans vaine nostalgie du passé, de recréer un paysage pour les Français, tels qu'ils sont, tels qu'ils se veulent.
Inventer la démocratie du quotidien, c'est éliminer toute forme de ségrégation, notamment dans le logement ; c'est lutter pour qu'un urbanisme concerté triomphe de l'urbanisme imposé, c'est mettre fin au paradoxe que constitue un habitat collectif sans véritable vie collective.
C'est aussi diffuser une information objective sur l'environnement et se donner les moyens de contrôler le progrès technologique et de sauvegarder le milieu naturel.
Le combat pour l'écologie, loin d'être un rêve fumeux, est à la fois l'aboutissement et la chance nouvelle de notre développement.
A travers l'aspiration à la qualité de la vie, nous assistons, plus profondément, à un effort des nations pour retrouver leur génie propre et pour décaper la pellicule grise sous laquelle les fumées d'usine ont dissimulé leur visage.
La qualité de la vie est le domaine privilégié de la différence, parce qu'elle est l'expression renaissante de la culture.
Pour permettre cette renaissance, le meilleur moyen est encore de rendre la parole aux Français.
Aussi devons-nous redonner force aux collectivités intermédiaires.
Nos communes notamment constituent un capital inestimable : des équipes rompues à l'action concrète sur le terrain, une administration au plus près du citoyen, la certitude du contrôle démocratique par le jeu du suffrage.
Ce que nous proposons, c'est de renforcer l'autonomie des communes, en les dotant de finances saines, en supprimant les interventions abusives de l'État et en transférant toutes les attributions qui, intéressant la vie quotidienne des Français, sont mieux exercées par des collectivités proches que par un pouvoir lointain.
Ainsi confortées et sûres d'elles-mêmes, ces collectivités pourront s'ouvrir davantage aux citoyens, reconnaître leur droit d'initiative, faire confiance aux associations qui auront prouvé leur dévouement au bien public.
Elles pourront donner directement la parole à la population en l'interrogeant sur les problèmes qui concernent la vie et le développement de la cité.
En fin de compte, notre plus haute ambition en ce domaine, le sens profond de la démocratie du quotidien, c'est de retrouver la joie de vivre ensemble, la générosité et la chaleur dans les relations de travail ou de voisinage.
Les jeunes nous ont montré la voie au cours des années récentes.
Peut-être l'ont-ils fait parfois avec quelques maladresses ; mais ils nous ont prouvé combien leur exigence de fraternité pouvait être féconde pour peu que nous sachions proposer de justes causes aux énergies que certains tentent de dévoyer.
La vie quotidienne, c'est aussi pour le plus grand nombre d'entre nous, la vie en famille.
Bien que les faux prophètes aient prédit sa disparition, la famille est plus que jamais le lieu privilégié du bonheur.
C'est en son sein que s'instaure le dialogue le plus fructueux entre les générations, que s'acquiert le sens de la loyauté et de la tolérance.
C'est sur elle que se construit la force de la nation, qui puise dans le nombre de ses enfants les moyens d'exprimer sa solidarité envers ceux qui ont besoin d'elle.
L'Etat doit garantir à la famille la santé matérielle, ce qui signifie que des mesures juridiques, économiques et sociales doivent parachever et simplifier notre législation, afin d'assurer un juste équilibre entre ceux qui assument des charges familiales et ceux qui n'en assument pas.
Voilà nos objectifs.
> Voilà notre combat.
A nous tous de puiser en nous-mêmes la force de réussir.
Ce sera la force de la France rassemblée.
RASSEMBLEMENT DANS L'ACTION POLITIQUE.
La tâche qui nous attend maintenant, c'est de construire le Rassemblement.
" Comment vont-ils donc faire ? " s'interrogent certains, sceptiques ou faussement inquiets.
Je le proclame ici bien nettement :
nous nous rassemblons pour la démocratie et contre tout ce qui la menace.
Nous nous rassemblons dans la majorité.
Nous nous rassemblons pour agir et proposer et non pour dénigrer.
RASSEMBLEMENT POUR LA DÉMOCRATIE D'ABORD :
L'une des vertus fondamentales du gaullisme a toujours été de savoir refuser, quand il le fallait.
Eh bien ! nous dirons non à tout ce qui peut nuire à la démocratie !
Nous n'accepterons pas que tombe sur notre pays la nuit de la dictature, et ceci d'où qu'elle vienne : nous repoussons avec la même détermination les idéologies perverses du fascisme et du collectivisme.
Combien sont vaines et ridicules les insinuations de ceux qui veulent nous présenter sous le visage de l'autoritarisme !
Nous avons, nous, en matière de démocratie notre tradition et nos références.
Je vois cheminer la calomnie.
J'entends les malveillants colporter le mensonge pour susciter la peur ! Mais qu'importe ! Laissons les bêtes de l'ombre à leurs glapissements ! Poursuivons notre route.
Le meilleur moyen de défendre la démocratie, c'est de la rendre plus efficace et plus vivante.
Pour cela, nous devons faire en sorte que tous les citoyens participent davantage au fonctionnement des institutions de la République.
L'une des missions essentielles du Rassemblement sera de permettre cette participation : nous allons l'organiser pour qu'il soit un lieu de réflexion, de consultation, de suggestion, et si besoin est, de critique.
Il ne faut pas laisser à une poignée de professionnels de l'activisme politique ni aux instituts de sondage le monopole d'exprimer, à leur façon, ce que pensent et veulent les Françaises et les Français.
C'est à vous de le dire.
L'information réciproque et la communication entre les citoyens et le pouvoir aboutissent évidemment au Parlement, pièce essentielle de notre vie politique et civique.
Je souhaite que les élus qui se réclameront de nous assument pleinement par leur assiduité et leur capacité, la double fonction parlementaire :
- d'abord contribuer, par leurs initiatives, à l'élaboration de la loi ;
- ensuite contrôler efficacement l'action gouvernementale.
C'est à cette condition que sera maintenu un réel équilibre des pouvoirs, rempart et garant de la liberté et de la démocratie, et que s'établira l'indispensable accord entre la nation et ses représentants.
RASSEMBLEMENT POUR LA DÉMOCRATIE, MAIS AUSSI RASSEMBLEMENT DANS LA MAJORITÉ !
Il ne doit y avoir aucun doute sur ce point.
Actif et vigilant, le Rassemblement pour la République se situera résolument dans la majorité.
J'ignore s'il sera toute la majorité, mais il sera tout entier dans la majorité.
Qui, d'ailleurs, pourrait croire que nous voudrions mettre en cause les institutions que le peuple français s'est données à l'appel du Général de Gaulle.
Ces institutions reposent sur la primauté du Chef de l'État qui doit définir les grandes orientations.
Dans ce cadre, le Gouvernement doit conduire la politique de la Nation avec l'appui d'une majorité parlementaire garante de l'efficacité du pouvoir législatif.
Voilà l'essentiel.
Sur cela nous ne saurions transiger.
La vraie menace contre nos institutions, elle est dans le programme socialo-communiste qui porte en germe la destruction de notre régime.
Ne nous y trompons pas ! C'est à cela que la faiblesse ou la division de la majorité ouvrirait la voie.
Si, au contraire, nous nous rassemblons, comme nous exprimons aujourd'hui la volonté de le faire, alors l'espérance revient grâce à nous et autour de nous.
L'important, au bout du compte, c'est de nous organiser pour agir, ce qui veut dire pour proposer et progresser ensemble.
Certaines bonnes âmes, prenant sans doute leurs désirs pour des réalités, prétendent que nous allons nous essouffler, que le temps sera long jusqu'aux échéances fixées.
Eh bien ! je les rassure.
Une aussi grande espérance ne retombe pas aisément.
Nous avons aujourd'hui donné naissance à un immense mouvement.
Notre tâche désormais est de l'organiser pour atteindre le premier objectif que nous lui assignons : remporter, pour la démocratie et dans la majorité, les prochaines élections législatives.
A cet égard, je tiens à préciser que c'est aux formations politiques et à elles seules, dans le cadre d'une nécessaire concertation, qu'il appartient de choisir leurs candidats et de donner leurs investitures.
Au cours du premier trimestre de l'année 1977 et avant les élections municipales, je vous propose de mettre en place au niveau national mais surtout au niveau local, départemental, régional, les structures nécessaires à la vie et à l'action de notre rassemblement.
Il appartient à chacun d'entre nous de dire à tous ceux qui hésitent ou qui cherchent, sur quelles valeurs fondamentales nous nous sommes réunis, et de leur proposer de nous rejoindre.
Moi-même, en me rendant parmi vous, à travers la France, je vous aiderai dans cette tâche.
Grâce à la réflexion engagée en commun au sein du Rassemblement, nos élus pourront lorsque s'ouvriront les sessions parlementaires du printemps et de l'automne 1977, élaborer des textes législatifs qui, conformément aux objectifs de notre manifeste, traduisent notre volonté de progrès.
Et qu'on ne vienne pas nous dire que nous sommes contre les réformes !
Depuis 20 ans, qui plus que nous a changé le visage de la société française ?
L'action de réforme doit être poursuivie, avec réalisme, après une réflexion et une concertation approfondies, mais sans hésiter ni tergiverser.
Simultanément, l'année 1977 doit être une période d'action préparatoire pour les élections législatives.
Les élections ne s'improvisent pas.
Celles qui viennent moins qu'aucune autre.
Pour les gagner, il faut un immense effort d'information et de mobilisation.
Il faut susciter et entretenir un grand élan d'enthousiasme et d'espoir, non pas artificiellement créé par des états-majors, des dirigeants, des formations politiques mais issu des profondeurs du peuple français.
Nous devons tous nous sentir mobilisés au service de la démocratie et de la République, nous devons chaque jour accroître les rangs de ceux qui combattent avec nous.
L'heure n'est plus à l'attentisme ou au doute.
Elle est à l'engagement.
Ainsi nous gagnerons, et notre Rassemblement, uni par une foi commune, renforcé par la victoire, pourra poursuivre l'œuvre de la Vème République.
Voici que s'achève maintenant cette journée du 5 décembre.
Voici que se termine cette grande réunion où se sont rassemblés dans l'enthousiasme et l'espoir des milliers d'hommes et de femmes venus de toutes les provinces de notre pays.
Nous savons ce qui nous réunit : mais cela ne suffit pas.
Nous voyons avec émotion l'immense succès de notre appel mais cela ne suffit pas.
Au-delà de ce jour, par-delà cette enceinte, c'est vers tous les Français que je me tourne, vers tous ceux qui pressentent que notre société est en péril, mais qui n'osent encore élever la voix pour la défendre, vers tous ceux dont les yeux sont ouverts, mais dont les lèvres restent closes.
Oubliez les passions qui vous divisent, mais n'oubliez pas la ferveur.
On ne prépare pas l'avenir dans le désenchantement.
On ne défend pas la liberté dans le renoncement.
Le rassemblement que je vous propose exige de vous le contraire du consentement aveugle.
Il est un mouvement de citoyens, c'est-à-dire d'hommes libres, qui refusent la fatalité de toutes les dictatures, du fascisme comme du collectivisme, d'hommes libres qui veulent façonner leur histoire de leurs mains.
- Vous qui êtes intransigeants sur l'indépendance de la Nation,
- Vous que l'esprit de justice exalte et que l'injustice révolte,
- Vous qui ne tolérez ni l'amertume, ni le mépris, ni l'humiliation,
- Vous qui connaissez le prix de l'effort, de la droiture, de la rigueur,
- Vous qui savez que la responsabilité autant que le savoir fonde la dignité de l'homme,
- Vous qui voulez être des hommes, mais des hommes solidaires,
- Vous qui sentez que notre cause, c'est celle de la liberté,
A vous tous, je dis : n'attendez pas.
N'attendez pas pour défendre les droits civiques durement conquis et affermis par la République ; ils ne sont ni un don de la nature, ni un privilège du destin.
N'attendez pas pour servir une ambition nationale généreuse et humaine, rejoignez-nous.
Notre peuple, dont c'est la grandeur d'être rebelle à la contrainte, a quelquefois besoin qu'on l'exhorte.
Alors il se rappelle son passé et il étonne le monde.
Le voici soudain réconcilié avec lui-même, réuni dans le même combat, consacrant toutes ses forces à défendre sa culture et sa société.
Le voici rassemblé.
Citoyens et Citoyennes de mon pays, vous êtes les fils et les filles de ces hommes qui ont lutté dans notre longue histoire pour nous donner le droit d'être libres.
L'appel que je lance à mon tour n'est que l'écho de l'éternel appel des nations qui ne veulent pas mourir.
C'est au peuple de France que je m'adresse, Peuple qui sait comprendre, Peuple qui sait donner, Peuple qui sait dire non à ce qui l'avilit, Peuple une fois encore debout et rassemblé.
Vive la République,
Vive la France.