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vendredi 29 novembre 2002
Marie-hélène Souiah
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Dans un premier temps, cette science a utilisé
des méthodes descriptives destinées surtout à établir un signalement. Grâce notamment à Alphonse Bertillon , ces mesures sont devenues
plus objectives. Vers 1880, il fut le créateur du bertillonnage, une méthode d'identification des criminels fondée sur une vingtaine de
mesures anthropométriques qui permettait de fournir une description unique et infalsifiable d'une personne. Sa méthode sera remplacée
au début du XXe siècle par l'empreinte digitale, d'un maniement plus facile et d'un coût moins onéreux.
Selon, Béatrice DURUPT, officier de police, Edmond Locart ouvre à Lyon, le premier laboratoire de police scientifique. Il y mettra en
application le principe selon lequel : " tout individu, à l'occasion de ses actions criminelles en un lieu donné, dépose et emporte à
son insu des traces et des indices : sueur, sang, poussière, fibres, sperme, salive, poils, squames, terre, etc.. Qu'ils soient de
nature physique, chimique ou biologique, ces indices, une fois passés au crible d'examens de plus en plus sophistiqués, parlent et
livrent le récit du crime avant de permettre au lecteur-enquêteur de déchiffrer la signature de l'auteur-coupable "
Ces traces diverses ont donné lieu à des recherches importantes ces dernières années notamment pour qu'elles puissent être de plus en
plus personnalisées et individualisées tout en prenant en compte les influences environnementales auxquelles elles sont soumises.
Jusqu'au milieu des années 80, ce sont essentiellement l'analyse des substances appartenant au groupe sanguin qui sera utilisée mais
la marge d'erreur possible ne la rend pas infaillible.
Une étape décisive sera franchie en 1995 avec l'introduction d'une technique développée par Alec JEFFREYS, l'analyse d'ADN.
La substance ADN présente dans chaque noyau cellulaire d'un être humain permet d'établir une combinaison individuelle spécifique.
Elle est en outre facile à récolter puisque présente dans toute sécrétion ou tissu du corps humain.
Cette technique ne cessant depuis, de se perfectionner, elle est devenue incontournable que ce soit dans des affaires civiles comme
les recherches en paternité ou dans les enquêtes criminelles.
Elle peut permettre d'accuser mais aussi d'innocenter un condamné .
Ainsi, Jeffrey Tod Pierce, condamné en 1985 à 65 ans de prison fut libéré après 15 ans de détention grâce à une analyse de son ADN.
Mais même si cette technique est fiable, elle doit compléter mais nullement remplacer l'enquête policière. Si elle permet par
exemple d'identifier les personnes présentes sur le lieu d'un crime, elle ne fournit pas la preuve d'une culpabilité. Elle ne doit
être qu'un élément parmi d'autres figurant dans le dossier examiné par les magistrats. Les tests génétiques ne constituent nullement
une arme absolue et infaillible de la science criminelle en premier lieu parce que leur extrême sensibilité impose des conditions
d'utilisation stricte.
Béatrice DURUPT : La police judiciaire, la scène de crime, Gallimard, 2000.
Assemblée Nationale : Rapport 2001 - Valeur scientifique de l'utilisation des empreintes génétiques dans le domaine judiciaire.
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